Je regarde le temps filé au bout de mes doigts. Le vent du printemps a l’odeur des cercueils, des fleurs fanées, en ce mois de mars dominé par la course vertigineuse du convid-19 à l’échelle planétaire. Coincé entre les quatre murs dans mon appartement à Lauderdale Lakes dans le comté de Broward en Floride. Je revois mon pays dans mes songes. Je pense à ma ville, à ses trottoirs, je pense à mes confrères, mes frères-artistes tissant au fil des jours des mots d’espoir, d’amour.
Espérance par Ernest Pépin
Un jour la beauté reviendra
Sur ses pas
Les étoiles tourneront sur leur gond
Pour faire chanter les nuits
Et le soleil fêtera sa prière unique
Un jour
Un jour
…
Fouad, pour combler sa solitude aux États-Unis
Le confinement, la solitude est source de poésie pour André Fouad. Dans le silence des jours et des nuits sous le ciel de Floride, l’auteur de «Bri lan nwit» aiguise sa lyre. Récemment, dans les colonnes de Le Nouvelliste, le poète a révélé à travers un papier – «Dans l’intimité de l’écriture au temps du covid-19» – qu’il écrit pour tromper la mort ou encore pour dompter pleinement les fausses rumeurs du vent en ce temps où l’on se confine entre quatre murs dans le silence de la page qui défile des lignes au gré de l’inspiration». Fouad s’ouvre à notre quotidien.
La bête veille par Ernest Pépin
La bête veille
Insidieusement
Lentement
Efficacement
Elle n’a pas de forme
Elle n’a pas de visage
…
ANNAKS III – Non chak mòso teks an liv (Le paratexte en créole)
A la mine (1)
Comme tous les dimanches matin, Joseph-Augustin s’installa au cabaret de la Poule Blanche, et, comme tous les dimanches matin, Aloïs Hendricks, son compère, vint s’installer à son côté pour patienter tandis que leurs épouses respectives assistaient à la messe. Ce n’est pas qu’ils étaient l’un et l’autre des mécréants notoires, le Bon Dieu, ils s’en accommodaient, admettaient son existence, mais sans excès, un peu comme un arbitre lointain qui distribue les bons et mauvais points, et, encore, pour espérer le rencontrer, il faut attendre l’instant suprême, et ça, on avait bien le temps.
KREYOLAD 813 – Kon Finman
Matinik nou enmen zagalé moun pou ba yo soudnon. Sé bien sa ki rivé Firmen an boug éti té kosto kon an lonbraj fisel. Yo té ka kriyé’y Finman. Adjilbè ki pa djè malpalan pies jik di mwen bouch-anba-bra:
— Man wè an madanm fè kon Finman, i té ka paré lapli dret anba an fil élektrik!
Lettre ouverte d’un Haïtien vivant en Italie
Je vais partager avec vous et vous expliquer: « Comment est la vie ici à Milan » pendant ces jours difficiles et comment dois-je penser que vous devriez apprendre des erreurs et de leurs conséquences que nous vivons ici.
Le créole et «L’idéologie linguistique haïtienne»: un cul-de-sac toxique
Robert Berrouët-Oriol – Montréal, le 26 mars 2020
Quand le coronavirus frappe à nos portes
Panique dans le monde. Les gens de tous bords se barricadent. Les hôpitaux sont saturés et à court de matériels pour venir en aide aux malades qui arrivent toutes les cinq minutes. Comme c’est triste! Le personel médical est épuisé. Il n’a pas d’autre choix que de tenir jusqu’au bout. On n’a pas encore fini de compter les morts. Les supermarchés sont bondés, mais très peu de produits sont disponibles. Certains osent même parler de la fin du monde. Pour les seigneurs du marché économique, tout va s’arranger.
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