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Des poètes haïtiens pour l’esprit et le cœur

Claude Bernard Sérant

Le Nouvelliste | 2020-05-12

Lyonel Trouillot

Lyonel Trouillot. Photo Francesca Palli

Lyonel Trouillot, Georges Castera, Anthony Phelps, Jean-Euphèle Milcé, Josaphat Robert Large, Oswald Durand, Félix Morisseau Leroy, Lyonel Henry Robert Durandisse, Frank Étienne, René Philoctète, ce sont ces étoiles, parmi tant et tant d'autres, qui brillent dans le ciel de la poésie d’André Fouad.  Habité par le chant de l'âme de ces mages, il élève dix poètes haïtiens dans  sa galerie littéraire.

Le Nouvelliste (L.N.): Personnellement, quels sont les poètes haïtiens dont les textes vous frappent l'esprit et le cœur?

André Fouad (A.F.): Il y a une pléiade de poètes haïtiens dont les textes me frappent l'esprit et le cœur, jusqu’à provoquer chez moi un grand déclic, de fortes émotions et ceci à chaque fois que j'ai la possibilité de m'en nourrir. A titre d'exemple,  Lyonel Trouillot. Que ce soit en créole ou en français, la poésie aux accents de Trouillot reste sublime, surréaliste et nous renvoie à notre réalité, marquée par les inégalités sociales, l'injustice, la pauvreté, la précarité, le désespoir.

Je suis un grand fan de Frank Etienne connu pour son approche surréaliste. Sa poésie est dense, hermétique, métaphysique, ésotérique, truffée de calembours, de néologisme, d'images féeriques, hors du commun.

Si vous deviez placer dix poètes haïtiens dans votre galerie littéraire, qui seraient-ils?

Si je devais placer dix poètes haïtiens dans ma galerie littéraire, je choisirais: 

Lyonel Trouillot, Georges Castera, Anthony Phelps, Jean-Euphèle Milcé, Josaphat Robert Large, Oswald Durand, Félix Morisseau Leroy, Lyonel Henry Robert Durandisse, Frank Etienne, René Philoctète.

Est-ce qu'il y a certains textes qui restent gravés dans votre mémoire?

Certains textes pas des moindres restent encore gravés dans ma mémoire, il y a Margha de René Philoctète, un vrai chant d'amour, un vrai hymne à la vie. Une poésie incantatoire à l'état pur, sans déchet, sans détour où le poète laisse parler son cœur à son autre moitié, aux oiseaux, à l'azur, à la mer. En un mot, à l'univers.

«Ah que sent bon la vie dans la magie de nos cœurs en éclipse» (René Philoctète).

D'un autre côté, il y a le recueil en créole «Depale» sorti aux Ateliers Jeudi Soir (2019), écrit par Lyonel Trouillot et Jean-Pierre Richard Narcisse. Un vrai chef-d'œuvre en matière de littérature d'expression créolophone. Les deux poètes arrivent aisément à allier esthétique et engagement, tout en évitant les clichés, les stéréotypes, le déjà entendu à l'instar des poètes Yannis Ritsos et Nazim Hikmet.

«Pouki Delira delire

nan lakou madan Diroche

pouki kè nou pran pan motè

pouki lanmou gen gou doulè » (Lyonel Trouillot).

«Lè fi nan lapèn

li toujou kriye

peyi mwen pèdi

douvan simityè

lonbray ap senyen

kè nou depaman» (Pierre-Richard Narcisse).

Si vous deviez partager avec les amants de la poésie dix textes, que choisiriez-vous?

Je choisirais «Djakout» de Félix Morisseau Leroy, «Awodpote» de Georges Castera, «Langay Lanmou»  d'Henry Robert Durandisse, «Eziltik» de Manno Ejèn, «Voyelles adultes» de Rodney Saint-Eloi, «Dialogue de mes lampes» de Magloire Saint-Aude, «Mon pays que voici» d'Anthony Phelps, «Girandole du jour» de Gary Augustin , «Pays de pailles et autres poèmes» de Marc Exavier et «La petite fille au regard d'île» de Lyonel Trouillot.

Propos recueillis par Claude Bernard Sérant 

 


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 Viré monté