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Pour souligner le trente-sixième anniversaire
de la Constitution de 1987

La Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti
(CHCDH)

Mars 2023

Le mouvement populaire de 1986 n’a pas été seulement une levée de bouclier contre la dynastie des Duvalier, il a cristallisé également un grand besoin de changements sociaux, politiques et économiques. En dépit du maintien de la structure de l’État duvaliérien, le départ de la famille des Duvalier a ouvert la voie à la consécration d’un ensemble de revendications, dont la liberté d’expression, le principe d’une gouvernance démocratique et participative, la décentralisation des pouvoirs publics, etc. La Constitution de 1987, issue du référendum populaire, a transformé ces aspirations en principes juridiques. En dehors des limites inhérentes à tout texte constitutionnel, ce geste constitue un tournant dans l’histoire politique haïtienne. En effet, c’est pour la première fois que les Haïtiens et Haïtiennes se prononcent par voie référendaire sur la Constitution de leur pays. Ce moment n’a pas simplement une importance symbolique puisque le texte constitutionnel a entériné un ensemble de droits que les gouvernements autocratiques successifs ont ravis au peuple haïtien.

Néanmoins, depuis 1986, toutes les forces réactionnaires se sont évertuées à bloquer tout changement qui aurait pu amener à l’élaboration d’un État démocratique et à l’avènement d’une société juste. La Constitution de 1987 est une étape cruciale dans la lutte pour instituer un tel État. C’est pour cette raison que cette Constitution a été la cible des néoduvaliéristes et de certains secteurs réactionnaires de l’oligarchie. Pour ces secteurs, le contrôle de l’État était donc nécessaire afin de faire obstacle à toutes réformes rendues possibles par la nouvelle Constitution. Le massacre des électeurs en 1987, les coups d’État de 1991 et de 2004, les occupations militaires successives sont des exemples non seulement flagrants de violation de la Constitution, mais représentent surtout des tentatives machiavéliques pour l’abolir de façon définitive.

Depuis 2011, avec la montée au pouvoir des néoduvaliéristes du PHTK, les attaques contre la Constitution n’ont pas cessé. D’entrée de jeu, le gouvernement de Michel J. Martelly a décidé à la cloche de bois d’amender la Constitution, une décision qui a été pourtant largement rejetée par les classes populaires et des organisations progressistes de la société civile. En outre, feu le président Jovenel Moïse a effectué des démarches systématiques pour essayer unilatéralement de rédiger sa propre Constitution.

Aujourd’hui, en dépit de la résistance populaire, le premier ministre de facto Ariel Henry et Mme Mirlande Manigat s’engagent à mener jusqu’au bout le processus de changement constitutionnel, conformément aux exigences des forces réactionnaires. Ils se basent sur des accords réunissant des amis de salon pour renverser un ordre constitutionnel issu d’un référendum populaire1.

Certes, il est important de souligner que toute Constitution peut être sujette à des amendements et même, si les conditions sont réunies, peut être abolie, mais cette décision doit être assujettie à des principes légaux tirés de la Constitution existante. Depuis 1987, les différentes tentatives qui ont été faites pour l’amender ou l’abolir obéissent, pour la plupart, à une logique politique de concentration du pouvoir. Cette logique arrive à son apogée avec le régime PHTK, grâce à la complicité des pays du Core Group.

Fort de ce constat, pour souligner son trente-sixième anniversaire, la Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (CHCDH)  appelle à la sauvegarde des acquis démocratiques issus des luttes populaires légitimées par la Constitution de 1987, dénonce l’alliance des forces réactionnaires visant à l’abolir et à annihiler du même coup ses acquis.

Vive les acquis démocratiques du mouvement populaire de 1986!

Vive l’application intégrale de la constitution de 1987!

Note

  1. Parmi ces accords, on peut considérer par exemple l’Accord du 11 septembre 2021 et l’Accord du 21 décembre 2022.  

Pour authentification,
Célia Romulus, Alain Saint-Victor, porte-parole.
Montréal, le 27 mars 2023
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 Viré monté