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Que dansent les femmes-châtaignes

Anique Sylvestre

Que dansent les femmes-châtaignes, Anique Sylvestre • Jasor • ISBN 9791090675380 • 2015

Elles s’appellent Tiéta, Méliane, Eunice… Elles ont la force des femmes-châtaignes et l’audace des conquérantes.

Elles traversent la vie debout, faisant face à leur destin. Mais au-dessus de Tiéta, la plus jeune, tel un oiseau fi gé en plein vol, plane l’ombre d’un homme.

Comme dans un puzzle, Tiéta va reconstituer pièce par pièce son histoire, et par un coup de théâtre magistral, brisera l’omerta.

Une nouvelle vie commencera dès lors pour elle, au rythme de sa propre musique.

Propos recueilli par Dominique Lancastre

Peut-être devrais-je commencer par les deux citations en exergue dans ce roman: celle  d'Eliette Abécassis: «l'enfant naît nu, vêtu de mère» et l'autre qui est en réalité un proverbe antillais très connu: «fanm sé chatenn, i ka tonbé, i ka rilévé: la femme est cette châtaigne qui tombe et toujours se relève».

Il me semble que ces deux citations encadrent ce roman. C'est l'histoire d'une femme, enfouie dans l'omerta d'une famille depuis qu'elle a signifié à ses proches, au moment de la prime adolescence, les outrages d'un membre de cette famille.

Cette jeune femme, qui erre en elle-même pendant longtemps, qui se fuit aussi d'un pays à l'autre, d'une relation à l'autre, choisira d'en partir, de cette situation, pour retrouver la sérénité perdue.

Elle décide de mettre en lumière les forces qu'elle intériorise dès l'enfance, ces forces qui longtemps l'ont dépassée et de s'en défaire.

Elle refuse le statu quo masculin, ce rapport de genre qui détermine le positionnement social et elle tente de se réapproprier son corps, de vivre avec son histoire. La brutalité avec laquelle elle va mettre fin à l'omerta familiale est à la mesure et à la hauteur des violences qu'elle même a subies.

La structure du roman n'est pas venue immédiatement, dans la mesure où temps du passé et temps du présent se chevauchent,  que plusieurs vies sont dans une seule et même vie, qu'il fallait faire la part du récit, du rythme, de la respiration, et de la manière de faire respirer le texte.

L'écriture, je m'en rends compte au fur et à mesure de mon entrée dans cet acte profondément personnel, est une occasion d'«arrangement» avec la vie: «Que dansent les femmes-châtaignes», comme «Eloya ou la vie et rien d'autre» est une façon de «s’accommoder» avec ce que la vie donne à expérimenter dans le malheur et le bonheur, le doute et la certitude relative; c'est une tentative de trouver du souffle pour débusquer la beauté là où elle est et de s'en parer dès lors.

Sans que je l'aie réellement voulu, je me rends compte que mon écriture dans le moment présent, se nourrit de ces questionnements, qui à mon sens, ne sont pas des questionnements exclusivement de femmes, mais ceux de la société puisqu'il s'agit de libre-arbitre, de choix.

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Anique Sylvestre est née en Martinique, d’un père journaliste et d’une mère institutrice.

Ses premiers écrits se destinaient au jeune public avec des titres comme:

  • «Le père noël au secours des enfants de Docie», album, éditions Desnel, 2005.
  • «Twapat, le cheval à trois pattes», album, éditions Jasor, 2007. (coup de cœur du prix « Raphaël Tardon de littérature de jeunesse»)
  • «Lowitt, la grenouille qui danse», album, éditions Jasor, 2009. (Prix R. Tardon de la littérature de jeunesse).
  • «Cannelle et vanille, les deux mamies de Fifi», album, éditions Jasor, 2010.

En 2011, Anique Sylvestre se lance dans l’écriture romanesque avec «Eloya ou La vie et rien d’autre», Ed. Jasor.

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