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Séisme à Haïti - 12 janvier 2010
Onze ans après - 12 janvier 2021

Haïti dans les eaux du destin. “Les bougies du présent, du passé et du futur” par Frantz Zephirin.
Toile réalisée le 12 Janvier 2010, une heure après le tremblement de terre qui a causé la mort de 300 000 personnes.

Haïti-Séisme: Retour sur la faillite d’une politique de reconstruction

Alain Saint-Victor

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Pou tout viktim goudougoudou 12 janvye 2010 yo

Yves-Mary Fontin

Douz Janvye demildis
Solèy dòmi ak dlo nan je
Pousyè katrè klewonnen malè
Chirepit anba zèklè
Avèg

Malè troke lajwa
Pou fè n danse kanaval sou yon pye
Rèv nou akokiye
Anba dekonb

Nou kanpe devan latwoublay
Nou tranble nou tonbe
Dwèt sou bouch
Nou poze kesyon ak dlo nan je

Kako pale Nasyonal leve
Move sant nan tonb blanchi
Pran lari Pòtoprens
De batan pòt lopital ouvè
Pou jwenn remèd pou koripsyon
Prizon louvri
Prizonye sèl kòk chante
Lekòl nan rekreyasyon
Pou jwenn myèt meyè ledikasyon

Chante sa a twò long
Wowoli sa a twò fen pou n konte
Zegwi sa a paka file
Sèkèy milnèfsankatrevenkat
Dirije n nan simityè demildis

Tilezanj nan bèso kou granmoun
Fanm kako kou nèg vanyan
Kriye san mouchwa ak san nan nen
Sakad sa a pi rèd
Douz janvye demildis
Nou pap janm bliye w
Nou pa swete wè w ankò!

Yves-Mary Fontin

(Tèks sa a se yon ekstra de rekèy powèm Yves-Mary Fontin,
ki pote non Ak San Grav, ki gen pou parèt pa twò lontan)

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Infrastructures: Kayla souhaite une réponse politique pour résoudre le problème
de logements, 11 ans après le séisme du mardi 12 janvier 2010 en Haïti

Source AlterPresse

P-au-P, 11 janv. 2021 [AlterPresse] --- Le regroupement Konbit ayisyen pou lojman altènatif (Kayla) préconise une réponse politique pour résoudre le problème de logements sur le territoire national, 11 ans après le terrible séisme du mardi 12 janvier 2010 ayant fait environ 300 mille morts en Haïti.

«La population doit d’abord résoudre le problème politique, à savoir renverser le régime en place, qui tente d’établir une dictature dans le pays, pour établir un gouvernement progressiste, capable de mettre en œuvre un plan de logements sociaux», recommande Reyneld Sanon, secrétaire exécutif de Kayla, en conférence de presse, ce lundi 11 janvier 2021, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

A travers ce plan de logements sociaux, qui doit s’inscrire dans un programme global de développement, l’État devrait, entre autres, créer un Ministère de logements ainsi qu’une banque spéciale, dont les fonds devraient être orientés exclusivement dans la construction des logements sociaux.

Ce problème de logements existe, bien avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010, rappelle Kayla, soulignant une dégradation des conditions de logements en Haïti.

Kayla appelle la population à contraindre les autorités étatiques à résoudre, d’abord, les problèmes politiques, qui seraient aussi liés à la question de logements dans le pays.

À Canaan (banlieue située au nord-est de Port-au-Prince), espace où se sont réfugiées beaucoup de familles sinistrées dans le tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010, les gens sont aujourd’hui livrés à eux-mêmes, sans aucun service public de base, à savoir des écoles pour les enfants, des hôpitaux et de l’électricité publique.

Structurel, le problème de logements en Haïti doit être rattaché à une mauvaise gestion de l’État, à la base du désastre du 12 janvier 2010, considère Kayla.

D’autres catastrophes et destructions de plusieurs centaines de maisons par les autorités ont également aggravé la situation de logements sur le territoire national.

Kayla cite «l’expulsion forcée» de plusieurs dizaines de familles, notamment à Shada 2 (Cap-Haïtien / Nord), où le conseil municipal de la ville a détruit, en juin 2020, leurs logements, sous prétexte de déloger un gang, qui s’était établi dans la zone.

En juillet 2018, pas moins d’une dizaine de maisons ont été détruites à Pèlerin 5 (à l’est de la capitale, Port-au-Prince) pour protéger la famille de Jovenel Moïse.

En octobre 2016, lors du passage du cyclone Matthew, qui a ravagé le grand Sud d’Haïti, 80% des maisons ont été détruites à Jérémie (département de la Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), selon un rapport officiel du gouvernement provisoire de Jocelerme Privert, cité par le regroupement Konbit ayisyen pou lojman altènatif.

En 2014, plusieurs centaines de familles se sont retrouvées dans les rues, après que l’administration du président Joseph Martelly et du premier ministre Evans Paul avait lancé une opération de destruction de leurs maisons au centre-ville de Port-au-Prince, dans l’objectif de construire une cité administrative, encore inexistante en l’année 2021. [mj emb rc apr 11/01/2021 15:20]

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Des personnes handicapées oubliées dans un camp depuis 2010

Promiscuité, conditions sanitaires infrahumaines, insécurité... au camp «Lapis» Des handicapés essaient d'y survivre dès le lendemain du séisme dans un environnement où vivre est un véritable défi.

Publié le 2021-01-11 | Le Nouvelliste

Il est 11 heures du matin quand, accompagné de notre facilitateur, nous sommes arrivés au camp Lapis. Le soleil brille de mille feux. Une chaleur torride crée de la surprise à cette période hivernale. Comme si par cette chaleur ardente l’astre du jour voulait gommer les empreintes de la précarité retrouvées à tous les coins du camp. Apparemment, ce n’est pas ce soleil qui rendra moins pénible la misère qui prévaut dans ce milieu. D’ailleurs, au camp Lapis, elle est plutôt manifeste. La misère respire. Elle se meut comme pour ne pas passer inaperçue. Elle est visible dans chaque regard croisé, dans chaque voix entendue, dans chaque silhouette qui bouge dans ce camp du bas Delmas.

Ici, ils sont environ 200 handicapés qui essaient, dépourvus de moyens, de ne pas mourir. Ils sont là dès le lendemain du cataclysme du 12 janvier 2010. Leurs maisons sont des « Chelters » construits depuis 2010 et qui ne devaient durer que deux ans. Après 11 années, ces maisons de fortune ne sont que des taudis incapables de servir réellement d'abris quand il commence à pleuvoir. Pour la plupart, les toits sont couverts de bâches abîmées alors que les enceintes en bois sont rapiécées à plusieurs reprises.

La route principale tracée au milieu de ce camp est jonchée de toutes sortes de déchets. La poussière qui se lève sous les pieds des enfants qui courent de part et d’autre est une calamité. Pourtant Télémaque Altesse y passe ses journées assis sur une chaise en paille qui ne cache pas non plus la précarité de la zone. C’est un manchot. Avant même d'ouvrir la bouche, ses vêtements délabrés en disent déjà long sur sa situation. Larmes aux yeux, cet homme nous raconte ses déboires.

Le camp des oubliés

«Personne ne pense à nous ici. Je n’en peux plus. Je ne vis plus», se plaint-il, incapable de suspendre les larmes qui viennent mouiller son visage. Sa femme est morte au camp, il n’a plus personne. Sa maison de fortune a été incendiée, il a tout perdu. Ce sont des voisins qui l'hébergent depuis. Ses trois enfants sont placés çà et là chez des membres de sa famille qui acceptent de lui venir en aide.

Au camp Lapis, les personnes vivant avec un handicap  sont privées de presque tout. Ce sont des oubliés, à en croire Luckner André, coordonnateur général de l’Association des personnes handicapées pour la promotion du sport (APHAPS). Sur ses béquilles, Luckner a l’air de se passer de sa jambe droite dont il est amputé. C’est un homme bourré d’énergie qui nous a reçus. Mais s’il a suffisamment de courage pour vivre avec son handicap, il n’en a plus assez pour vivre au camp lapis. « Après 11 ans, je dois dire que la vie n’est plus possible ici », lâche-t-il avec l’espoir que le sport va améliorer ses conditions de vie.

Il n’y a pas une période de l’année où ils reçoivent la visite des autorités, confie Dieufaite Joseph. Dans son bloc, il est un vrai leader; tout le  monde le respecte au point qu’il peut commander à ses voisins d’éteindre leur appareil de radio pour nous parler paisiblement. Il est en effet coordonnateur de la Cellule de réflexion des handicapés de l’Ouest pour le développement (CEREHAOP) et président de Plaisir rara des handicapés de l’ouest (PRHO). L’homme, âgé de 56 ans, ne voit rien, mais il a trois enfants à sa charge.

Abandonnés face à la Covid-19

Pour être là depuis 2010, il connaît bien les problèmes du camp. «À côté de la pénurie d’eau, nous n’avons même pas de latrines ici. Les gens doivent se soulager à l’air libre dans le camp», déplore-t-il dans un charisme qui plaît à tous les autres riverains qui nous entouraient. Depuis le début de l’épidémie du nouveau coronavirus, ils n’ont guère reçu de soutien des autorités, fustige Dieufaite Joseph, avant de rectifier que la secrétaire d’État à l’Intégration des personnes handicapées leur a fait un don de 150 masques pour se protéger de la pandémie. Une fondation de la place a installé un point de lavage des mains à l’entrée du camp, mais cela n’a servi que de jeu pour les enfants. Une fois qu’il n’y a plus d’eau dans les cuves, elles ne sont plus que décoration.

Si au début le camp Lapis était le camp des handicapés, actuellement ce n’est plus le cas. Au contraire, les handicapés y sont bien minoritaires maintenant. Le camp est même contrôlé par des hommes armés jusqu’aux dents. Au moment où l'on interroge Dieufaite Joseph, l’on a pu voir une sorte de démonstration d’un jeune dans la vingtaine. L’air fier, le jeune homme a défilé devant tout le monde avec une arme de guerre en main. Pas moins de quatre enfants d’environ 8 à 12 ans le suivent, déterminés, comme des apprentis qui cherchent à appliquer chaque leçon de leur mentor.

Vivre dans la peur

Ces individus armés sont maîtres et seigneurs dans ce camp, confient les habitants. Guermann Otilus regrette cela. Il a dû abandonner les activités socio-éducatives qu’il avait l’habitude d’organiser au profit des enfants à cause des individus armés qui viennent s’installer dans le camp. «Quand je travaille avec les enfants, ils pensent que j’ai de l’argent pour ça. Ils commencent à poser des questions. Je me sentais en danger,  j’ai dû abandonner», déplore ce jeune homme apprécié de tous les handicapés du camp. Son père est d’ailleurs un handicapé, l’un des pionniers du camp Lapis. Une vingtaine d’enfants circulent dans ce camp, sans pouvoir aller à l’école.

À côté des autres problèmes, les handicapés sont donc plongés dans une insécurité alarmante. D’ailleurs, au mois de mai 2020, des individus armés ont incendié pas moins de 18 maisons de fortune dans le camp. Ils vivent pour l’instant dans la peur, souhaitant être relocalisés. Au fait, 50 handicapés ont été relocalisés et placés au village Lumane Casimir. Ils espèrent tous que ce jour arrivera où ils seront eux aussi envoyés là-bas. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que la vie n’est pas vraiment rose au village Lumane Casimir.

Visite au village Lumane Casimir

Nous sommes épargnés de la poussière et des odeurs putrides. Nous pouvons même trouver de l’ombre pour nous abriter du soleil. Au village Lumane Casimir, situé non loin du Morne-à-Cabris, l’on peut croire que la situation des handicapés est différente. Mais quand on commence à leur parler, on s’aperçoit vite qu’il n’a de différence que la configuration de la zone. Mais ils sont placés au village avec leur lot de problèmes tout comme au camp Lapis.

Antonise Blanc vivait au camp Lapis avant d'être placée au village Lumane Casimir. Cette mère de trois enfants a perdu une jambe lors du tremblement de terre. Depuis qu’elle est ici, dit-elle, elle vit de l’aide de certains membres de sa famille. Elle n’a pas de mari. «Ils m’ont placée ici, mais depuis je ne vois personne», se plaint-elle.

Se souvenir du 12 janvier 2010 représente un supplice pour Antonise. C’est le jour qui a fait basculer sa vie. «Rien n’est plus comme avant», soutient-elle, elle qui n’arrive pas à s’en remettre. De son côté, Jean Robert Joseph est arrivé au village depuis 2014, tout comme Antonise. Cet homme qui a des problèmes visuels dénonce qu’il n’a jamais rien reçu depuis son arrivée. Au total, ils sont environ 50 à être placés au village Lumane Casimir.

Ce 12 janvier 2021 marque le 11e anniversaire du tremblement de terre qui a fait près de 300 000 victimes selon les chiffres officiels. Si le séisme est déjà loin derrière nous, il n’en est pas autant pour ses séquelles qui sont encore bien visibles dans le pays.

Ritzamarum Zétrenne

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Insomnie, dépression, anxiété et autres séquelles du tremblement de terre en Haïti

Le séisme du 12 janvier 2010 a constitué un événement brutal pour la population haïtienne. Des spécialistes se sont déjà penchés sur les conséquences de cette catastrophe sur les survivants au fil des années dans divers aspects. Cependant peu d'études ont souligné le poids réel du séisme sur les troubles mentaux en Haïti. C'est ce champ inexploré qu'un groupe de chercheurs se proposent de labourer dans une étude publiée par le laboratoire « LABMES ».

Publié le 2021-01-11 | Le Nouvelliste

« L’objectif principal de ce travail est de mesurer de manière statistique l’impact du séisme du 12 janvier 2010 sur les caractéristiques épidémiologiques des troubles anxieux au centre psychiatrique et neurologique Mars & Kline », ont souligné d'entrée de jeu les auteurs de cette étude, les Drs Gassendie Pierre Louis, Mackendy Arthur et Emmanuel Nazon. 

Ce travail, qui s'étend sur une période de 6 ans (2007-2013), se propose de jeter un œil discret et profond dans le dossier des patients reçus pour troubles anxieux au principal centre psychiatrique et neurologique du pays.

10 421 dossiers ont été consultés afin d'en déceler d'une part les patients reçus pour des troubles anxieux et, d'autre part, ce qui a changé depuis la catastrophe de terre dans les caractéristiques de ces troubles.

La première différence constatée durant la période considérée est l'incidence des troubles mentaux, notamment des troubles anxieux après le tremblement. « Avant le séisme, les troubles anxieux représentaient 2.23% des motifs de consultation au centre Mars and Kline, contre 4.88% après le séisme de 2010.»

S'il est bien connu que les troubles mentaux augmentent avec les catastrophes, cette étude  montre qu'au fil des années qui ont suivi le séisme, les troubles anxieux ne font pas qu'augmenter mais ce traumatisme (le séisme) est devenu l'antécédent principal des patients reçus au centre Mars and Kline (16.5%), devançant les violences qui prédominaient comme antécédents des troubles anxieux avant le séisme (14.80%).

Au cours de cette même période, il a été aussi décelé que ce désastre a été associé à une augmentation de l’incidence et de la prévalence d’une variété de troubles psychiatriques parmi les groupes de survivants, incluant le trouble du spectre de l'autisme, le syndrome de stress post-traumatique, d’autres troubles anxieux, la dépression majeure, des complaintes somatiques et des troubles du sommeil », peut-on lire dans cet article. 

Après le séisme du 12 janvier 2010, il est à noter aussi une extension des traumatismes psychologiques et la sévérité des symptômes psychiatriques. Qu'à cela ne tienne, les survivants qui se battent pour une reconstruction mentale doivent faire face à la détérioration de la situation socioéconomique du pays, aggravant, jour après jour, leur état. 

«La sévérité des symptômes psychologiques et des comportements modifiés après les catastrophes naturelles dépend de plusieurs facteurs dont l’âge, le genre, le statut marital, la perte du conjoint, la proximité à l’épicentre, les pathologies associées et les blessures personnelles sont superposés au manque de support social, économique, de santé publique, d’urgence médicale », a révélé cette étude, expliquant au passage pourquoi il est si difficile de combattre les pathologies psychiatriques causées par le séisme de 2010 en Haïti.

Un peu plus de 10 ans après le séisme, des survivants continuent de se battre contre les séquelles, livrés à eux-mêmes, dans des conditions désastreuses dans un pays qui n'a jamais su faire de la santé mentale une priorité dans la politique nationale de santé.  

Les patients pacés au centre Mars and Kline après le séisme souffres des troubles d'ordre comportemental (logorrhée, trouble de l’appétit, attitude incohérente) et  neurologique  (trouble du sommeil et céphalées). Souvent, ils sont négligés par leurs proches quand ils ne sont pas carrément abandonnés. 

Toujours selon cette étude, le trouble d'anxiété généralisée est le diagnostic le plus couramment posé (49.5%) après le séisme au côté du syndrome de stress post-traumatique. Si l'évolution de ces maladies est plutôt satisfaisante, il convient de souligner qu'une bonne partie du travail repose sur le soutien moral des parents et de la communauté.

11 ans après le séisme, les chercheurs croient que « cette étude est unique, dans la mesure où elle est la première à pointer du doigt suite au séisme du 12 janvier comme antécédent chez la plupart des patients ayant visité le centre de Mars and Kline après le 12 janvier 2010. En effet, la différence entre les deux périodes pour les antécédents est significative.  Dans un premier temps, le pourcentage de patients anxieux avec les antécédents de victimes d’agression a significativement diminué en passant de 14.3% à 2.6%. La catégorie des traumatismes a légèrement augmenté, passant de 13.2% à 16.5%. Dans un deuxième temps, les calculs ont montré que le séisme a joué un rôle prépondérant en amenant dix fois plus de cas d’anxiété que les AVP.»

En dépit de la résilience des Haïtiens évoquée pour expliquer notre réaction aux troubles mentaux, cette étude prouve que beaucoup de personnes ont succombé sous le poids des catastrophes naturelles associées à un faible niveau de vie. Il reste aux autorités d'en prendre compte afin de mieux accompagner les survivants.

Claudy Junior Pierre

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Reconstruire à pas de tortue le Palais national

Publié le 2021-01-12 | Le Nouvelliste

Onze ans après son effondrement lors du séisme du 12 janvier 2010, le projet de reconstruction du Palais national avance à pas de tortue. Un an après l’annonce par le président Jovenel Moïse du gagnant  du concours d’architecture lancé à cet effet, l’ingénieur Clément Bélizaire, responsable de l’UCLBP, a imputé ce retard au confinement imposé par la Covid-19 au moment de faire le point sur les étapes administratives et légales déjà franchies et celles à franchir.

«La prime pour le gagnant du concours d’architecture est l’adjudication du contrat d’études et supervision du Palais national. Ce contrat est signé, a reçu l’avis conforme de la CNMP, a été transféré au MEF pour confirmation de crédits. Une fois la confirmation de crédit obtenue, le contrat sera transféré à la CSC/CA pour approbation», a confié l’ingénieur Clément Bélizaire.

Pour le numéro un de l’UCLBP, «une fois le contrat approuvé, le groupement Raco Deco Adjaye and Associates recevra un ordre de service pour démarrer les études». «Dans le calendrier d’exécution de RDAA sur le coût des 6 premiers mois, ils doivent livrer tous les documents techniques pour la mise en œuvre de la composante 1, c’est-à-dire le bâtiment principal. Pendant la mise en œuvre de la composante 1, ils continueront à travailler pour livrer les documents techniques des autres composantes», a détaillé l’ingénieur Clément Bélizaire, interrogé par Le Nouvelliste.   

L’architecte Cassandra Méhu, responsable de Raco-Déco, attend la fin du processus administratif et légal. «Un plaisir de vous dire que nous sommes à l'intérieur d'un processus  avec l'État Haïtien. La Raco Déco-Adjaye Associates S.A ne fait qu'attendre la finalité pour répondre selon sa proposition architecturale et technique», a-t-elle indiqué, soulignant que le Palais national «est l'un des symboles identitaires que nous avons tous la responsabilité de reconstruire, le plus vite possible». «Il y va de notre dignité de peuple libre, fier et digne. Nous avons donné la plus grande leçon de liberté au monde entier. Il nous faut rehausser notre image», a insisté l’architecte Cassandra Méhu, qui est revenue sur les forces de son projet.

«Notre projet prône le respect du patrimoine identitaire, la création d'un nouvel axe qui, présentement, est la modernité que nous devons tous rechercher. Ceci implique une vision large, intégrée avec des normes de qualité et écologiques. L'architecte, Sir David Adjaye, le concepteur principal, est en communion avec nos idéaux en projetant tout ce plan dans le futur. Le projet est vivant et s'ouvre vers la renaissance du centre historique de notre capitale et peut servir de leitmotiv, de vitrine pour requalifier la cité administrative et toutes les autres initiatives qui accompagnent cette intégration social, formulant des messages de renouveau, comme pour donner une nouvelle vie à cet espace rempli de notre histoire et de notre vécu», a expliqué l’architecte Cassandra Méhu, interrogée par Le Nouvelliste, mardi 12 janvier 2020.

Pour le moment, plusieurs économistes et financiers ayant assisté l’UCLBP ont déterminé la valeur actualisée aujourd’hui du bâtiment du Palais national détruit le 12 janvier 2010. L’estimation tourne autour de 60 millions de dollars américains, a répondu l’ingénieur Clément Bélizaire, interrogé sur le coût de la construction du nouveau Palais national. «Puisqu’il y aura un processus compétitif pour l’attribution des travaux, ce ne serait pas éthique de divulguer les coûts estimatifs pour la construction», a-t-il fait savoir.

Roberson Aphonse

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Il faut des mesures susceptibles de réduire notre vulnérabilité,
plaide Claude Prépetit

Publié le 2021-01-12 | Le Nouvelliste

Onze ans après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, le géologue Claude Prépetit estime que le pays dispose d'une plus grande connaissance  de ses failles sismiques. Plusieurs études menées par des organisations internationales, dont le PNUD, ont révélé l’existence d’une multitude de failles secondaires qui étaient jusque-là inconnues. Ces études ont été conduites au sud de la plaine du Cul-de-Sac, dans le département  de la Grand’Anse et  le Nord’Ouest entre autres. «Plusieurs failles secondaires mises en évidence au sud de la plaine du Cul-de-Sac sont aussi dangereuses que les failles majeures», confie l’ingénieur géologue Claude Prépetit.  Ces études ont non seulement révélé  l’existence de plusieurs failles secondaires, mais elles mettent aussi l’accent  sur leur potentiel sismique et les risques qu’elles provoquent des tremblements de terre, selon le spécialiste.

Le responsable du Bureau des mines et de l'énergie estime que le pays dispose aujourd’hui de plus de professionnels dans le domaine de la sismologie. «Les gens sont mieux informés. Le pays est plus outillé», soutient Claude Prépetit avant de préciser que pour l’année 2020, près de 500 secousses de magnitudes mineures et légères, c'est-à-dire variant entre 1 et 4.9 sur l’échelle de Richter, ont été enregistrées en Haïti. Claude Prépetit  fait savoir que 80% des secousses ont été enregistrées  dans les départements du Nord’Ouest, du Sud’Est et de l’Ouest. Il souligne que chaque mois 42 petites secousses sont recensées en moyenne.  

Si le pays est mieux informé et plus apte à identifier  les sources sismiques, il reste quand même très vulnérable, s'inquiète le géologue Claude Prépetit. «Nous sommes certes plus outillés mais il n’empêche que notre vulnérabilité reste élevée», déclare le numéro un du Bureau des mines et de l’énergie. Selon lui, il ne suffit pas de commémorer ni de parler du tremblement de terre chaque 12 janvier, il faut adopter des mesures susceptibles de  réduire notre vulnérabilité. Si ces mesures ne sont pas prises, on continuera à être victime, prévient-il. Il regrette que des études en vue d’identifier les failles secondaires aient été conduites dans très peu de départements.  Sur les 27 750 kilomètres carrés, seuls 200 ont été l’objet de microzonage sismique, ce qui représente environ 0.7% du territoire, fait remarquer Claude Prépetit. «Si l'on ne connait pas les failles qui existent, on peut faire face à des surprises énormes», met en garde le spécialiste, qui souhaite qu’il y ait plus de moyens en vue d’étendre les études.   

Claude Prépetit déplore que les codes de construction ne soient pas appliqués de manière systématique. «Il y a de bonnes constructions mais on ne peut dire que c’est généralisé et qu’il y ait dans tous les départements géographiques du pays des maçons formés et des autorités capables de faire respecter les normes établies au niveau des mairies», signale M. Prépetit. Selon lui, il y a très peu de gens qui suivent les instructions des maires et les recommandations contenues dans les codes de construction. Si nous voulons réduire notre vulnérabilité, il faut renforcer les mairies, leur donner les moyens nécessaires, renforcer l’autorité de l’Etat, conseille-t-il.  

Plus de 100 000 maisons ont été complètement détruites, et presque 190 000 autres ont gravement été endommagées lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010, selon des chiffres  du PNUD.  

Danio Darius

 

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