La fleur et l'eau du ciel
Khal Torabully
Flamboyant (Delonix regia). Photo Francesca Palli.
Comme symbole d'une année qui passe et d'une autre à venir, je ne trouve pas mieux que la fleur du flamboyant.
Frêle, pétillante, en cycles.
Elle annonce la fin de l'an sous les tropiques et le nouvel an. En créole, on l'appelle buke banané ou bouquet de la bonne année. Après cette année inédite pour le monde, qui se termine par un espoir, le vaccin et une crainte de nouvelles vagues et des reconfinements, on va continuer à naviguer entre ces deux repères l'an prochain, car le vaccin prendra encore du temps pour démontrer son efficacité, et il est à craindre que la pandémie suivra son cours quelque temps encore.
2021 est certes l'année où l'on peut espérer une accalmie tout en continuant à appliquer les gestes barrières.
Mais, tout est bien fragile. Et tout est espoir.
Le bouquet de l'année, dans toute sa beauté, symbolise la force de la vie et en même temps sa fragilité.
J'y ajouterai son invitation aussi à nous penser sous un soleil fraternel. Dans nos îles natales, je vois sa présence comme un signe de bienveillance solidaire, respectueux de nos écosystèmes mentaux, économiques, sociaux, environnementaux.
Je lis la pandémie comme un signe aussi.
Sans cet éclairage d'une conscience accrue, la pandémie n'aurait été qu'un signal faible dans une époque où la consommation aura été dominante et non un signe d'une pensée pouvant nous mener à une plus grande responsabilité face aux humanités de cette Terre.
Mais pandémie ne signifie pas solidarité accrue, surtout pour ceux en quête de profits.
J'en veux pour exemple l'eau. Cette année, au même titre que l'or et le pétrole, l'eau est cotée en bourse, une situation inédite aussi, et ce, en pleine pandémie...
L'eau monétisée pendant la pandémie. Une menace sur la vie dans le cycle de la vie et une autre par les humains sur d'autres humains.
Deux situations d'exception.
Alors quel bouquet de la bonne année?
Aussi, mon vœu pour 2021 serait que ce la nature nous donne ne soit pas détourné par des manipulateurs avides de nouveaux profits, comme si tous les malheurs du monde ne servaient qu'à servir de prétextes pour de nouveaux asservissements.
Le bouquet de bonne année nous rappelle que la nature connaît bien les cycles de la vie, qui se renouvèlent dans la rosée et les ruisseaux. Et tout commercialiser au nom des pouvoirs et de l'argent nous mènera inéluctablement à des situations précaires, injustes et violentes.
L'eau c'est notre vie à toutes et tous, tout comme les moyens pour vivre avec ce virus pendant quelque temps encore...
Devant ces jours à venir, restons confiants et résistants.
Oui, BONNE ANNÉE à vous chères amies et chers amis, sous le signe de ce bouquet offert à nos regards dans toute sa splendeur et sa fragilité, signes que nous pouvons aussi avancer avec ce flamboyant fleuri, pour un monde de paix, de justice et de sagesse.
Il n'est jamais trop tôt ou tard pour bien faire.
Le tout, c'est de retrouver les flamboyants en fleurs...
(c) KT, 30.12.2020
