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Bravo à toi BélO !

André Fouad

Publié le 2020-09-17 | Le Nouvelliste

BélO

J’ai vu tes premiers balbutiements, tes premiers pas; cela ne m’étonne pas, ton ascension fulgurante dans l’univers de la musique du terroir et celui du marché international.

J’ai été témoin de tes faux pas, de tes rêves, de tes préoccupations d’ordre musical, d’ordre artistique. C’était l’époque des boîtes de nuit, des restos, des cabarets très prisés dans les hauteurs de Pétion-Ville, notamment "Guess Who", "Roots rock reggae", "Cassagne" et l’inoubliable "Café des arts" à la rue Lamarre (Pétion-Ville), où je t’ai vu évoluer pour la première fois, guitare en bandoulière accompagné du groupe phénoménal "So kute"(Steeve, San, Vlad, Danglass Grégoire, Simon) aux couleurs R and B/folk, la révélation des années 2000 en Haïti, ayant connu un immense succès avec des hits intemporels, comme "Lavi a rèd", "Medjine", pour ne citer que ceux-là.

Malgré l’air très timide que tu ne pouvais guère dissimuler, tu étais habité par un talent exceptionnel, un talent pur pour faire passer tes messages de sensibilisation, de conscientisation, de revendication au public en quête d’autres sonorités, d’autres vibrations. Tu te baignais dans la mer intarissable, inépuisable des porte-étendards du reggae, du raggamuffin planétaire comme Alpha Blondy, Gregory Isaac,  Morgan Heritage, Bob Marley, et pourquoi pas ton idole de toujours, Buju Banton.

Tu avais opté pour la world music, mais tu n'as jamais fait fi de tes racines à la fois haïtiennes, amérindiennes et africaines. D’où la naissance de ton credo musical raggaganga (mixture du reggae, ragga et roots qui allait déboucher sur ton opus "Lakou trankil"(Solèy Sounds), bénéficiant de la touche remarquable du keyboardiste-arrangeur Fabrice Rouzier, du guitariste Keke Bélizaire et du feu chanteur Eric Charles, scellé par le prix prestigieux Découvertes R.F.I en avril 2006.

"Si ou vle gran k on elefan
Mete w piti kou yon ti foumi
Si ou vle gouvène lakou sa
Li gen règ li fò w obeyi l…"

(Lakou trannkil)

Supporté par ton frère, à l’époque, l’infatigable, le visionnaire Charlot Murat qui me rappelle le manager de "King Posse", Fred Lizaire. Ce prix a constitué pour toi un catalyseur, un stimulant dans ta jeune carrière. Tu n’as pas dormi sur tes lauriers. Chacun de tes albums se veut une invitation à la fois musicale et aux rêves.

Le c.d "Reference", avec la présence du virtuose bassiste camerounais Richard Bona, du guitariste-arrangeur Andy Barrow, est un joyau en termes de lyrique d’arrangement imbibé de swing et de jazz.

En 2010, grâce à  la chanson "Ti Jan" que tu as interprétée avec le chanteur martiniquais Sael, tu as remporté le prix spécial caribéen de la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).

À travers "Haïti debout", sorti après le séisme du 12 janvier 2010, tu nous as rappelé en tant que première république noire du monde, indépendante, que nous sommes un peuple brave, courageux et surtout créatif et  intelligent.

"Nou se wozo
Menmsi nou pliye nou p ap kase
Nou se wozo, nou se wozo…"

(Wozo)

Pour célébrer avec faste tes dix (10) ans dans le show biz, tu as tapé très fort en publiant l’opus "10 zan", pré-nominé dans les grammy awards aux Etats-Unis.

Toujours en quête de renouvellement, tes albums portant le titre de "Natif natal" et de "Motivation" nous auront prouvé toute l’étendue de ton savoir musical, de tes aspirations en tant que citoyen terrien et artiste engagé.

Tenant compte de toutes les critiques dont tu étais l’objet lors de la parution de ton c.d "Haïti debout", côté textuel, tu as fait appel à un vétéran, à un compositeur de haut vol, Jean-Winer Pascal, qui se passe de présentation dans le milieu. Ce qui t’a permis de gagner le trophée Citizen of the world 2014 avec la pièce "Citizen of the world".

Aujourd’hui, grâce à Eda, tu as récolté aux U.S.A le grand prix 2020 unsigned only music competition et le Fandemonium sur plus de 7 000 candidatures de 109 pays.

"Eda wo Eda wo
Eda
Eda wo Eda wo
M pral bouyi mamit manyòk mwen
Pou m pote pou ou Eda."

(Eda)

Quel exploit ! Bravo à ton staff management, en particulier Harry Luc et Cynthia Carraha.

Encore une fois, j’ai vu tes premiers pas... J’ai connu tes heures d’angoisse, d’inquiétude. Maintenant, c’est l’ère de la cueillette des roses printanières. D’autres succès t’attendent à l’horizon! Il est à souhaiter vivement que tu gagnes dans un avenir pas trop lointain le grammy dans la catégorie world music pour le rayonnement de la terre sacrée de Jean-Jacques Dessalines.

*

Viré monté